A Toulon, début 1944, la guerre fait rage et la ville est régulièrement bombardée. La jeune Maguy survit avec sa famille. Roger Tisseyre est marin pompier, et, pendant les alertes, il chante de sa belle voix pour calmer les gens. Les deux vont se rencontrer, s’aimer, ne plus se quitter après la Libération. Des histoires vraies comme celle-là, on en souhaiterait par dizaines. Janine Teisson, la fille de Maguy et Roger Tisseyre, a recueilli le témoignage simple et émouvant de ses parents, et elle le met en scène dans une construction soignée. Elle tisse des épisodes d’une vie quotidienne surréaliste, des anecdotes héroïques de ces temps troublés avec des évènements de la grande Histoire, en l’occurrence ceux des étapes de la Libération. On suit ainsi aussi bien les difficultés à trouver de la viande de la mère de Maguy que l’étonnement de la population devant une armée française constituée de Noirs et d’Arabes, ou la sensation d’éloignement avec le reste de la France. L’amour des deux jeunes gens est encore ancré dans une société donnée, aux usages aujourd’hui désuets : il fallait aux amoureux avoir l’approbation de la famille pour se fréquenter, sortir en présence d’un chaperon. Les chansons de Roger sont celles de son époque : Tino Rossi, Maurice Chevalier… La narration, suivie par un narrateur omniscient qui se permet ponctuellement des commentaires ou des explications, alterne des chapitres centrés sur Maguy (« Elle »), sur Roger (« Lui »), avant de les lier dans un « Elle et lui », puis un « Eux ». Un petit livre sensible et personnel qui devient universel par son thème, l’amour.

La couv. porte en plus : "histoire"